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Jean Luc Van Den Heede

Le Site Officiel
 

La course et son bilan technique

 

« Je pense que cette Golden Globe Race est magnifique, pourquoi se contenter de rêver. Ce défi a été créé pour réaliser le rêve » Robin Knox Johnston

Course autour du monde en solitaire sans escale:  le retour à l’âge d’or de la navigation en solitaire.

Pour célébrer le premier tour du monde historique sans escale et en solitaire de Sir Robin Knox-Johnston dans la Sunday Times Golden Globe Yacht Race (1968/1969), une nouvelle course Golden Globe Race est partie en 2018 commémorant le 50ème anniversaire de cette épopée.

Comme l’évènement original du Sunday Times, le règlement de la Golden Race 2018 comme celui des prochaines éditions est très simple. Départ des Sables d'Olonne pour un tour du monde à la voile en solitaire sans escale, passant par les cinq grands caps, et retour aux Sables d'Olonne. Les participants doivent utiliser le même type de bateau et les mêmes éléments que ceux disponibles à l’époque pour Robin. Ce qui veut dire une course sur des voiliers sans la technologie d’aujourd’hui ni aide à la navigation par satellite. Les concurrents doivent naviguer sur des bateaux de série d’une longueur comprise entre 32 et 36 pieds (9.75 m – 10.97 m), conçus avant 1988 avec une quille longue et un gouvernail attaché au bord de fuite de la quille. Ces bateaux doivent être solides et stables, semblables au concept de Suhaili, le voilier de Robin.

Contrairement à l’univers professionnel actuel de la course au large, cette épreuve se courre selon les conditions d’une époque révolue ou la technologie ne prenait pas le pas sur l’aventure humaine. Suhaili était un ketch de 32 pieds (44 pieds de longueur hors tout), lent et régulier conçu par William Atkins. Solidement construit en teck, il n’était pas équipé d’ordinateurs, de GPS, de téléphone satellite, de dessalanisateur et Robin a terminé la course sans l’aide de conseils météo ni routage. Il disposait seulement d’un baromètre pour affronter les conditions météo et d’un loch à la traine pour connaître sa vitesse. Il a dû récupérer l’eau de pluie pour survivre mais il était en harmonie avec les éléments et il a su profiter de tout ce que ce voyage épique pouvait lui offrir.

Cette course du Golden Globe Race est la célébration de la course d’origine, du vainqueur, de son bateau et de ce qui fut une première mondiale. Les concurrents naviguent sur des bateaux simples équipés du matériel de base, ce qui doit leur garantir une expérience personnelle valorisante. Le défi est de taille, il place l’aventure avant la victoire, il est taillé pour ceux qui osent. Ils doivent naviguer à l’aide de sextant et de cartes marines sans instrument électronique ni pilote automatique. Le bateau est dirigé par un conservateur d’allure mécanisme qui ne fonctionne qu’avec le vent. Il n’y a pas d’électronique à bord : Pas de montre à Quartz, pas d’ordinateur, pas d’anémomètre, pas d’appareils numériques, pas de GPS.  Ils doivent tenir leur journal de bord à la main et doivent s’accommoder eux-mêmes de la météo. Ils ne peuvent parler à leurs proches et au monde extérieur que si leur BLU arrive à capter la terre. Seule concession la sécurité : Ils sont suivi par des balises, un téléphone satellitaire leur permet de joindre uniquement le PC course. 

Aujourd’hui, il est possible de faire un tour du monde à la voile en moins de 80 jours mais les marins engagés dans la Golden Globe Race de 2018 rendant hommage à la première édition et à son vainqueur Sir Robin Knox-Johnston ont mis 211 jours pour le vainqueur Jean Luc Van Den Heede et 322 jours pour Tapio Lethinen cinquième et dernier classé.

 

L'analyse technique de ma Golden Globe Race 2018/2019

A/ LE BATEAU RUSTLER
J’ai choisi un RUSTLER 36 car je pensais que c’était le meilleur compromis entre le poids total et le poids de la quille. Le seul voilier avec lequel j’ai hésité est le GAÏA 36. Ce dernier est de fabrication plus ancienne, son tableau arrière très étroit rendait la fixation de l’hydrovane difficile et surtout comme il est plus étroit, il supporte moins facilement le poids qu’il faut emporter pour 7/8 mois d’autonomie. 
Le safran collé à la quille, donc non compensé, rend les manœuvres de port « folkloriques », la marche arrière est totalement aléatoire et la barre n’est pas aussi douce que sur mes voiliers précédents pourtant beaucoup plus grand.
Les aménagements intérieurs sont jolis si on aime le traditionnel mais lourd.

B/LE GREEMENT SPARCRAFT
J’ai choisi un mat et un gréement SPARCRAFT. Ils ont une grande habitude des mâts en alu. J’ai fait faire un mât neuf avec 2 étages de barres de flèches au maximum de la taille autorisée. Très vite, je me suis aperçu que le bateau était très toilé… En plus, vu le programme, je voulais descendre le centre de gravité au maximum surtout que mes 2 concurrents directs partaient sans enrouleurs ce qui est un avantage considérable car cela diminue le poids dans les hauts J’ai donc décidé de le revendre et de faire fabriquer un mat plus court de 1,50m.
Le premier souci que j’ai eu provient d’un léger jeu dans les barres de flèches. Le second fut la déchirure du tube d’environ 6cm lors du chavirage. Je crois être le seul mât à être revenu après chavirage !
5 autres concurrents ont démâté lors des chavirages: Are Wiig, Abhilash Tomy, Gregor Mc Guckin, Loïc Lepage et Susie Goodall.
Je pense que si j’avais gardé la hauteur maxi du mat, il serait lui aussi tombé.

C/LES VOILES DE LA VOILERIE TAROT
J’ai emporté en pro radial typé chaine permettant une coupe triradiale
1 grand-voile à fort rond de chute. Je pensais être obligé de la descendre un peu pour virer et passer sous le pataras. Il n’en a rien été puisque Olivier TAROT m’a trouvé un astucieux système qui permettait à la voile de bien passer tout en frottant sur le pataras. Voile parfaite jusqu’à l’arrivée  
1 génois sur enrouleur à 140% avec rattrapage de creux. Là, je perdais un peu de surface avec le mat raccourci. J’ai dû refaire une couture au niveau de la barre de flèche tribord 1 semaine avant l’arrivée. 
1 trinquette sur enrouleur avec rattrapage de creux très efficace car les 2 voiles d’avant ont souvent fonctionné partiellement enroulée. Voile parfaite à l’arrivée.

En tissu à spi polyester
1 Génaker ou code 0 sur mousqueton. J’avais 2 drisses de spi. Sur l’une j’envoyais la voile, sur l’autre, bien tendue, je mettais les mousquetons. Le point d’écoute arrivait dans la poulie de spi. Parfait à l’arrivée.
1 booster, genre de trinquette jumelle dont je ne me suis pas servi car sans emmagasineur (interdit) on ne pouvait pas réduire.

En nylon 
2 spis symétriques. Je n’ai jamais utilisé le second qui est neuf ! L’autre a bien servi. Je l’ai abîmé une fois à l’affalage mais j’ai réparé et il a fini le tour sans autre problème.
1 spi asymétrique parfait à l’arrivée

Et enfin en polyester fluo  
1 voile de cape en cas de démâtage (inutilisée !)
1 tourmentin en cas de démâtage (inutilisé !)
Sans oublier 1 voile en grille empêchant le spi de s’entourer autour de l’étai que j’envoyais sur la drisse de spi N°2

D/CONSERVATEUR D’ALLURE HYDROVANE
Pour les conservateurs d’allure, la GOLDEN GLOBE RACE a été une épreuve redoutable puisque 24/24h (sauf quand on barrait !) ce pilote mécanique devait fonctionner. Plusieurs concurrents ont d’ailleurs connu des problèmes dans ce domaine. 
Suite à une préparation minutieuse, j’ai choisi l’Hydrovane pour m’accompagner dans ce périple. Malgré un chavirage qui a provoqué une fissure dans le mat, l’hydrovane s’en est sorti indemne, l’aérien juste un peu tordu. Cet appareil est certes plus lourd que beaucoup d’autres mais il a aussi beaucoup d’avantages :
1/ Il est d’une fiabilité absolue et je n’ai changé AUCUNE PIECE pendant ce tour du monde même après le chavirage. Certaines bagues ont pris un peu de jeu après ce tour et sont maintenant à changer ce qui est normal !
2/ Il permet de barrer sans toucher à l’appareil puisqu’il est autonome. C’est bien pratique quand on veut quitter la barre quelques minutes. Bien sûr quand on barre soi-même, on anticipe mieux les mouvements du bateau.   
3/ Dans les gros coups de vent il a parfaitement fait son office et si j’ai chaviré c’est parce que je suis resté trop travers au vent et aux vagues.
4/ Avec un peu d’habitude dans les réglages, j’ai passé 50 heures de suite sous spi. 
5/ En cas d’avarie de l’appareil de gouverne du bateau (qu’il soit en barre franche ou en barre à roue) il peut servir de safran de secours.

E/ENROULEURS FACNOR
Aucun souci. Ils ont fonctionné et surtout ont permis de réduire en sécurité. Certes c’est plus de poids dans les hauts mais cela permet aussi d’adapter avec précision, en sécurité et sans hésiter la voilure à la force du vent. Mes voiles sur enrouleurs avaient des bandes de rattrapage de creux très efficaces.

F/LA CAPOTE NV EQUIPEMENT.
Avec les 2 rajouts sur l’arrière je barrais à l’abri et au sec avec une rallonge de barre. C’était parfait !
Quand la mer devient dangereuse il est impératif de la rabattre. La première est morte dans le chavirage. Elle a été arrachée. Par la suite dès que la mer devenait trop forte, je rabattais l’arceau inox, et je mettais la capote bien tendue au-dessus du capot coulissant. C’était ainsi bien étanche et sans fardage. Pour sortir je la détendais et je me glissais sous le capot coulissant.

G/CORDAGES
Tous les cordages provenaient de la société Cousin Trestec comme sur tous mes bateaux précédents. Comme seul le polyester était autorisé, j’ai choisi en 8, 10 et 12 mm maxi un cordage avec une gaine tressée 32 fuseaux (Elle résiste bien au bloqueurs !) avec une âme câblée 3 torons pour un faible allongement. 
Pas de souci et en dehors de l’enroulement du génois je n’ai pas eu à utiliser de rechange.

H/ WINCH
J’ai changé les vieux winchs pour des ANDERSEN en inox dont le rapport poids/puissance/frottement est excellent. Aucun souci !

I/MOTEUR
Le moteur est un élément important puisqu’il était autorisé avec une quantité minimum (75 litres) et maximum (150 litres) de gazole. J’ai remplacé le vieux YANMAR d’origine par un VOLVO de 30CV qui ne m’a pas posé de problème en dehors du réservoir d’origine qui est inaccessible et malheureusement un peu sale. A chaque plein je mettais un additif anti bactérien mais j’ai dû nettoyer le préfiltre de temps en temps.

J/ENERGIE
Pour charger mes batteries j’avais un WATT § SEA qui heureusement a fonctionné sans problème tout au long du périple. Sans Pilote électrique et sans électronique notre consommation était faible. Le plus gros consommateur était la BLU en émission. 
Par contre les 2 panneaux solaires principaux 100W sont tombés en panne très très vite avant même d’atteindre l’équateur. Heureusement j’avais 2 petits panneaux de 50 W au cas où… Ils ont peu servi et l’un des deux a sa surface très abimée. Si je devais refaire un tour j’achèterais des SOLARA certes plus chers mais d’une fiabilité que je connais !
Les 3 batteries 100 W ENERSYS ne m’ont pas posé de problème.

K/SEXTANT
J’avais 2 FREIBERGER pro. L’un des deux a eu la mollette abimée avec du jeu suite à une chute et l’autre, probablement à cause du sel, s’est progressivement bloqué. Il faut bien faire le point même quand la mer est formée ! Avec les deux j’en ai fait un troisième qui a fonctionné jusqu’au bout. Mais si c’était à refaire je prendrai en plus un sextant plastique de base au cas où….
J’utilise le système BATAILLE/DIEUMEGARD pour faire mes calculs astro.
  
L/PHARMACIE
Tous les concurrents avaient une grosse valise en cas de soucis de santé. Personnellement je n’ai pas eu à l’ouvrir en j’en suis très satisfait !

M/VETEMENTS
J’avais des sous-vêtements HELLY HANSSEN et COTTEN, des polaires BERMUDES. L’humidité dans le sud est vraiment un problème surtout que le bateau jouant légèrement, les hublots n’étaient pas totalement étanches. Marc SLAT avait résolu le problème en les supprimant ! Heureusement mes vêtements de rechange étaient stockés dans des poches étanches sous vide. Le bonheur quand je me changeais !   J’avais aussi 1 ciré BERMUDES + 1 ciré COTTEN que je portais alternativement. Le BERMUDES était plus léger et séchait plus vite. Les deux m’ont bien abrité !

N/CAPOTE
Certains se sont étonnés que je ne fasse pas, comme beaucoup de concurrents, une protection fixe à l’entrée de la cabine. J’ai préféré une capote NV équipement aux nombreux avantages :
Elle se replie et permet d’affaler le spi (on n’a pas le droit aux chaussettes de spi) directement dans la cabine.
Elle est beaucoup plus légère qu’une protection en dur
Elle possédait sur l’arrière une protection supplémentaire qui me permettait de barrer confortablement à l’abri des intempéries.
Certes il est IMPERATIF de la replier dans le très mauvais temps, d’enlever la toile des montants inox et de la mettre en protection du capot coulissant. Je n’ai pas fait cela le jour du chavirage et la capote a été détruite et les montants inox tordus. Mais j’avais prévu cette possibilité et j’avais une seconde capote de rechange !
 
0/LA NOURRITURE VARIEE
Voir "La vie à bord" 

P/ANTIFOULING
A mon arrivée, MATMUT était sans contestation le bateau dont l'antifouling avait été le plus efficace. Tant et si bien que j'ai vu circuler sur les réseaux sociaux des réflexions sur le produit que j'avais utilisé. Selon certains, j'avais utilisé des produits interdits ou polluants ou encore des antifoulings réservés aux cargos et interdits en plaisance.
Je me dois de rétablir la vérité !
J'ai utilisé du SEAJET acheté au distributeur français AWLGRIP installé à la Rochelle.
Après nettoyage, j'ai passé 3 couches de SHOGUN puis une couche de PLATINIUM.
Conseillé par Franck VASSEUR, l'idée était d'user le Platinium en descendant l'Atlantique puis de laisser le Shogun œuvrer dans les mers du sud puis dans la remontée.
Dans ma préparation j'avais particulièrement soigné ce chapitre contrairement à certains participants de la GGR qui s'en étaient peu occupés.
D’autre part, j'avais pris la précaution de mettre deux bâches sous la carène pendant les 15 jours précédant le départ des Sables d'Olonne afin de limiter au maximum le gras qui se dépose inévitablement à l'arrêt dans les ports.
Pour info, sur MATMUT 2 mon X 37 j'ai utilisé un nouvel antifouling de SEAJET: le TAISHO. Il est sans cuivre, plus écologique et éco responsable.
Je verrai en novembre le résultat de cette nouveauté.

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